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Projet pédagogique

Une Jungle

C’est autour du mot Fraternité que l’idée a commencé à éclore.


Les mots de l’écrivain Velibor Colic dans son texte «L’exil c’est d’avoir un accent partout, y compris
chez soi» ont fait écho à cet élan chorégraphique:


«Même murmuré, un mot peut se transformer en cri. Consciemment ou inconsciemment l’exilé
nous interroge.
Quel est notre rapport avec l’autre, mais avec le vrai autre qui est différent?
Pourquoi cette peur? Et cette haine? C’est la vie. Probablement. L’humanité oubliée, la fraternité
choisie, notre monde qui prêche le nomadisme et qui en même temps déteste les nomades».


«Dans chaque Homme il y a un peu le destin de tous les Hommes. Nos destins sont liés, il n’y a pas
une seule «patrie» ni un «sol» unique, le destin d’un homme peut devenir le destin de nous tous.
L’Ulysse d’aujourd’hui est un naufragé. C’est ainsi qu’on peut, qu’on doit, au lieu de dire eux, dire
tout simplement nous».


Le magnifique ouvrage de Patrick Chamoiseau « Frères migrants » et plus précisément « La
déclaration des poètes » est venu soutenir, porter et sublimer l’écriture de la pièce.


Une jungle est née de la nécessité de soutenir par la danse, un regard focal sur l’empreinte de l’exil
dans le corps de deux jeunes adultes en devenir...
Pour que ce regard posé soit visible par tous ceux qui passent par là, Une Jungle est créée pour la
rue, ou tout autre espace ouvert et accessible au plus grand nombre.
Parce que c’est bien dans la rue que tout se passe, que tous nous passons, et que tous ceux qui y
vivent nous regardent passer.
Une Jungle est portée par une femme et un homme, peut-être un père et sa fille ou une mère et son
fils ou deux amants ou un frère et une soeur ou deux étrangers...
On n’en sait rien.
Une jungle se joue sur et autour d’un tapis persan.
Leur sol, leur refuge, leur racine, leur fardeau.


La pièce est écrite de bout en bout, comme un fil inéluctable, un destin qui se trace sans pouvoir le
détourner de sa trajectoire.
Les deux interprètes sont tour à tour, bousculés, enlisés, percutés, écrasés, propulsés par cette
destinée qui s’impose à eux. Il n’y a pas de sens, de raison, d’explications... Pas le temps pour ça.
Le jeu est dans l’action, celle qui nous fait avancer coûte que coûte.
C’est une danse de l’agir.
Une émotion brute générée par l’errance de corps nomades livrés à eux même.

aVANT sPECTACLE

Les objectifs de cette première rencontre avec les trois artistes tournent essentiellement autour de la
nécessité de créer un environnement propice à l’envie de découvrir le spectacle et à s’interroger sur
son sens.


         • sensibiliser et inciter à voir ce spectacle à partir d’une rencontre dansée avec les artistes.
         • traverser des états de corps communs à ceux qu’éprouvent les danseurs dans la pièce.
         • initier un regard sensible et critique du spectacle et de sa thématique, donner envie d’y
           prendre part et de pouvoir exprimer son ressenti propre.
         • évoquer l’auteur du texte Patrick Chamoiseau et la nature de sa pensée dans « La
           déclaration des poètes »

Atelier

Durée 1h30

C’est à travers le corps, en s’appuyant sur les outils d’exploration offerts par la danse
contemporaine, qu’un premier échange sensible avec les enfants ou les adolescents se construit.


L’atelier est porté par les trois artistes du spectacle. Cette rencontre autour de la danse, du jeu, de
l’improvisation ou de la composition, permet aux jeunes de poser une relation de proximité avec les
interprètes qu’ils verront évoluer dans le spectacle ensuite. La danse reste le pilier central de cette
rencontre. Une collaboration avec l’enseignant ou l’enseignante en amont de cette rencontre est
précieux et nécéssaire pour qu’il ou elle puisse commencer à sensibiliser les jeunes à la question de
l’exil à partir du texte de Patrick Chamoiseau « Frères Migrants. »


« La poésie n’est au service de rien, rien n’est à son service. Elle ne donne pas d’ordre et elle n’en
reçoit pas. Elle ne résiste pas, elle existe - c’est ainsi qu’elle s’oppose, ou mieux qu’elle s’appose et signale tout ce qui est contraire à la dignité, à la décence. À tout ce qui est contraire aux beautés relationnelles du vivant. Quand un inacceptable surgissait quelque part, Edouard Glissant m’appelait pour me dire : « On ne peut pas laisser passer cela ! » Il appuyait sur le « on ne peut pas ». C’était pour moi toujours étrange. Nous ne disposions d’aucun pouvoir. Nous n’étions reliés à aucune puissance. Nous n’avions que la ferveur de nos indignations. C’est pourtant sur cette fragilité, pour le moins tremblante, qu’il fondait son droit et son devoir d’intervention. Il se réclamait de cette instance où se tiennent les poètes et les beaux êtres humains. Je ne suis pas poète, mais, face à la situation faite aux migrants sur toutes les rives du monde, j’ai imaginé qu’Edouard Glissant m’avait appelé, comme m’ont appelé quelques amies très vigilantes. Cette déclaration ne saurait agir sur la barbarie des frontières et sur les crimes qui s’y commettent. Elle ne sert qu’à esquisser en nous la voie d’un autre imaginaire du monde. Ce n’est pas grand-chose. C’est juste une lueur destinée aux hygiènes de l’esprit. Peut-être, une de ces lucioles pour la moindre des quelle Pier Paolo Pasolini aurait donné sa vie. » Patrick CHAMOISEAU


Gladys Marivat Le Monde Des Livres

"Dans Frères migrants, l'écrivain évoque avec force le drame des réfugiés en Europe."


Yann Perreau Les Inrockuptibles
"Essai poétique, manifeste et cri du coeur, un livre qui s'empare de la "catastrophe de notre époque."


Emilien Bernard Le Canard enchaîné
"Un livre confit de générosité et de rage assumée."

Spectacle

Durée 30min

Deux êtres tour à tour, bousculés, enlisés, percutés, écrasés, propulsés par une destinée qui
s'impose à eux: l’exil.


Leur jeu est dans l'action, celle qui nous fait avancer coûte que coûte.


Une Jungle, c'est cette émotion brute générée par l'errance de corps nomades livrés à eux-même.


La pièce est écrite de bout en bout, comme un fil inéluctable, un destin qui se trace sans
pouvoir le détourner de sa trajectoire.


Une Jungle est une tentative, une prise de parole poétique, un besoin urgent de se saisir de la
danse pour qu’elle soutienne ce premier pas vers l’autre

Note

Une Jungle est une pièce suffisamment légère en terme de moyens techniques pour être jouée pour
tous et en tous lieux, la scène de théâtre n’étant qu’une option comme une autre.
Il faut néanmoins prévoir un lieu calme et sans passage, pour que la concentration des jeunes
spectateurs ne soit pas perturbée. Le sol nécessite d’être plat, lisse, sans aspérité, ni bosse, ni trou.
En effet la danse est très engagée et le corps des danseurs doit être impérativement préservé.
Les dimension de l’espace de jeu doivent être de 8 m d’ouverture et de 7 m de profondeur.

Après le spectacle

Débat

Durée 1h

À l’issue du spectacle et sans transition, les artistes proposeront d’ouvrir un espace de parole,
accompagné des professeurs référents et lorsque cela est possible, d’une association directement en
lien avec l’accueil de réfugiés.


Ce moment d’échange donnera toute sa place aux réactions à chaud, aux partages d’opinions, aux
questions et aux réflexions des uns et des autres.
Chacun sera amené à exprimer son ressenti en rapport avec le spectacle et avec la réalité du sujet.
Le débat sera mené conjointement par les professeurs qui le souhaitent et les artistes.


L’idée étant d’échanger immédiatement après le spectacle, de confronter les points de vues et de
partager un moment d’écoute et de parole sensible.


Objectifs:
       • permettre aux jeunes spectateurs de réagir au propos de la pièce
       • partager un moment de réflexion et d’échange autour du sujet de l’exil
       • produire un écrit, un dessin, une danse, quelques mots verbalisés en rapport avec un moment fort
        de l’expérience de cette rencontre
       • susciter l’analyse d’une oeuvre artistique en lien avec une thématique contemporaine (pour les
        plus grands)

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