
Soro est Arrivée !
« Peut-être que craindre les femmes, c’est aussi commencer
à les voir comme des êtres humains ».
New York Magazine - Molly Fischer

CREATION EN COURS
Note d'intention :
C’est à 50 ans passés que je découvre le féminisme, enfin que je découvre que je ne suis pas si
affranchie libre et indépendante que je ne l’imagine. Danseuse depuis l’âge de 16 ans, chorégraphe,
maman, nomade, jamais mariée, toujours prête à filer vers de nouveaux espaces, je percevais les
combats féministes comme loins, très loins de ma réalité. J’étais pourtant née d’un père juif iranien,
culturellement misogyne et homophobe, j’avais pourtant traversé de nombreuses agressions
sexuelles, assumé mes enfants sans le soutient financier de leur père, mis de côté ma passion pour
l’écriture chorégraphique pendant plus de 20 ans, encaissé les réflexions sur mon âge et sur mon
physique en souriant, écouté beaucoup les soucis des autres, mis en attente les miens, peu dormi,
énormément fait le ménage, accepté des rapport amoureux peu enthousiasmant sans toujours m’en
rendre compte…Et puis un jour, mon fils m’offre un livre de Silvia Federici « Caliban et la
Sorcière » et là c’est le choc ! Je plonge en lisant l’histoire de toutes ces soeurs inconnues,
persécutées, brulées, assassinées, violées, invisibilisées. D’autre livres suivront, « Sorcières » de Mona
Chollet, « La terreur féministe » d’Irene, « King Kong Théorie » de Virginie Despente, « Qui a
peur des vieilles » de Marie Charrel, etc.
Au fil de ces lectures je découvre mes silences, mes renoncements, mes dénis.
Ce n’est aucunement de mon histoire que je veux parler dans cette pièce. Mais de part ma nature de
femme, j’incarne ce combat, que je le veuille ou non. Il est mien depuis que je suis née. Pourtant et
en toute ignorance, j’ai jusque là contribué à l’ancrage profond du patriarcat. Ce système qui nous
tue à petit feu quelque soit notre nature et notre genre. Qui plus est lorsqu’on fait partie d’une
minorité, qu’on soit racisé, souffrant d’un handicap, sans ressources, arrivant d’un pays étranger,
LGBTQ+…
Je lis les chiffres, les faits divers, j’écoute les histoires des femmes que je croise. Grâce au féminisme,
j’accepte de commencer à écouter la mienne.
Soro est arrivée ! a pour projet de jeter dans la danse cela tout en vrac: la charge mentale, le
harcèlement sexuel, le conditionnement des femmes, le désastre du système patriarcal.
L’autrice Irene le défini ainsi dans son livre La terreur féministe « Le patriarcat est violent. Le patriarcat
est extrémiste. Le patriarcat déteste toutes les femmes. Si la question de la violence féministe est à la
fois victime de tabous et d’amalgames, c’est en partie parce que le féminisme est souvent mal défini
ou incorrectement verbalisé. Nous avons, en effet, souvent tendance à le résumer comme la lutte pour
que les femmes soient égales aux hommes. Or la volonté est plus plus profonde que cela. Vouloir être égales aux hommes supposerait non seulement d’acter une vision binaire du genre et de la société, mais en plus d’affirmer que l’homme serait la mesure de toute chose, le modèle vers lequel nous devrions
tendre. Pourtant la base de l’analyse féministe est de comprendre qu’au delà du patriarcat, il faut
aussi chercher à détruire le racisme et le capitalisme, et tout ce qui découle de ces systèmes de
domination. Et à la tête de la pyramide des oppressions se situe l’homme blanc cisgenre
hétérosexuel. Ainsi, je ne me bats pas pour être égale aux l’hommes car je veux détruire l’oppression,
pas ressembler à l’oppresseur. ».